Combien sommes-nous à ne pas ressentir cette valeur personnelle ? Peut-être même n’a-t-on jamais pris conscience de cette notion de “valeur personnelle”. A en juger le nombre de personnes qui rapportent un manque de confiance en soi, une mésestime de soi, une incapacité à s’affirmer voire à se respecter, il semblerait que ce ressenti soit partagé par un plus grand nombre.
Certes, toutes ces notions (confiance, estime, affirmation, amour de soi…) portent en elles quelques nuances mais elles sont liées les unes aux autres. On doit aussi préciser que ces ressentis par rapport à soi ne sont pas équilibrés en permanence et ne sont pas non plus situés sur la tranche haute en permanence. Ils fluctuent au gré de notre évolution, des circonstances, des personnes que nous côtoyons… (voir l’article sur l’option des autres)
Mais force est de constater qu’au-delà de ces aléas, il y a un vrai déficit au niveau de l’amour et du respect que l’on se porte. Ceci nous empêcherait d’être nous-même, de faire certaines choses voire nous empêcherait d’avoir la vie que nous aimerions. Bref, cette difficulté ferait obstacle au bonheur ou au moins à une certaine liberté d’être tout simplement.
Quelle est cette valeur personnelle ?
La notion de valeur comporte en elle une notion de “valoir quelque chose” non au sens matériel du terme mais au sens humain du terme. Tout un chacun dispose et porte en lui cette valeur. Il s’agit d’une valeur intrinsèque, indépendante de nos attributs physiques, intellectuels ou de quelconque capacités, de compétences. Elle se distingue, également, de la notion de valeurs au sens « avoir des valeurs ». La notion de « valeurs » (généralement au pluriel) correspond plutôt à des principes qui vont être importants pour soi et qui vont dicter notre façon d’être et d’agir.
Cette valeur ne nous désigne ni comme inférieur, ni comme supérieur à tout être humain. Elle ne dépend de rien, ni de notre apparence, ni de nos compétences, ni de notre passé, ni de notre futur, ni de notre comportement. Ce n’est donc pas relié à ce qu’on dit ou à ce qu’on fait. Elle est, en fait, inconditionnelle. Néanmoins, cela ne veut pas dire pour autant qu’on n’est plus responsable de nos actes. Tout un chacun porte la responsabilité de ses actes : qu’il les reconnaisse ou qu’il les nie.
Parler de valeur personnelle n’est pas non plus de l’auto-centrage. C’est d’ailleurs un piège que de penser ainsi. En considérant notre propre valeur personnelle, on apprend à s’aimer et quand on s’aime soi-même, il est plus facile d’aimer les autres.
Ressentir sa valeur personnelle
Dans la réalité, nous n’accedons pas à cette valeur, et ce que nous pensons de nous change au gré du regard des autres et de nos jugements intérieurs. On s’accable, on pense ne pas être à la hauteur, on pense ne pas être légitime, on pense être un imposteur… On passe son temps à s’en vouloir ou à juger ce qu’on a dit ou fait. Tous ces jugements font partie de notre fond sonore depuis notre plus tendre enfance. A la longue, ils sont devenus naturels et normaux.
Dans ces conditions internes toxiques, nous ne pouvons pas avoir conscience de notre valeur. On sabote l’accès à cette valeur personnelle, pourtant indispensable à une vie épanouie. Nous en a besoin pour conserver un équilibre, une constante intérieure qui nous permette d’être dans une certaine quiétude et ainsi pouvoir faire ce que nous avons à faire tout simplement.
Il faut alors considérer cette notion de valeur et à en saisir toute la dimension pour intégrer petit à petit ce ressenti en nous et ainsi pouvoir enfin s’aimer et se respecter pour se sentir bien dans sa peau.
Encore une fois, il ne s’agit pas de s’auto-suffire, de se complaire dans des attitudes ou encore de se croire dans l’impunité. Libre à chacun d’avoir des actes qui subliment cette valeur ou au contraire d’en découdre avec sa conscience.
Ressentir cette valeur personnelle n’empêche pas d’aimer les autres et de s’occuper des autres. Je dirai même qu’on s’en occupe mieux. Comme dit l’adage : charité bien ordonné commence par soi-même. Elle permet, au contraire, d’avoir des relations de qualité avec les autres.
Il s’agit plutôt de reprendre le pouvoir sur notre rapport à nous même sans attendre de validation extérieure, sans chercher à plaire à tout prix et sans rien chercher à prouver. C’est choisir de s’aimer de façon la plus constante dans le temps, sans tomber dans les affres de l’amour et le respect conditionnel auquel nous sommes tous soumis finalement. C’est laisser libre cours à la dimension inconditionnelle de cette valeur personnelle, qui sera notre première source de confiance en nous-même et de sécurité intérieure.
Comment croire autre chose ?
Lâcher se combat qu’on l’on mène avec soi-même et devenir cette source d’amour qu’on attend habituellement des autres, pour nous même, est un cap à passer. Passer ce cap n’est pas une mince affaire. Avec le temps, les croyances sur soi, les autres et le monde se sont installées et ont pris racine. Ces croyances, on les appelle les croyances limitantes. Celles qui nous font voir la vie, le monde et surtout nous-même avec des œillères. Elles nous disent ce qu’on est capable de faire ou non, ce qui est nous et ce qui ne l’est pas, ce qui est à notre portée ou au contraire ce qui nous est inaccessible.
Tous ces critères que nous tenons pour vrais vont nous coller à la peau, telle des étiquettes et ainsi nous définir pour nous enfermer dans des boîtes. Sauf que les étiquettes sont faites pour les conserves.
Il est vrai qu’il est tentant voire irrésistible, parfois, de se définir pour se situer, savoir qui on est et parfois s’enorgueillir de nos qualités, capacités et atouts. Il faut pouvoir, néanmoins, se détacher de ces “moi, je suis comme ça” et/ou “moi, je ne peux pas faire ça” ou encore “je suis incapable de faire ceci ou cela”.. pour laisser un peu plus d’ouverture aux champs des possibilités. Cette idée calibrée sur même nous freine la plupart du temps plutôt qu’elle nous rend service.
Quelques clés
Nous pouvons remarquer qu’il y a des choses peut-être à améliorer en soi et souhaiter les changer en se donnant les moyens. Mais le faire plutôt dans un climat de complicité avec nous même plutôt qu’un climat d’accablement et d’autocritique. Il nous faut alors porter un regard sur nous-même et adopter, dans un premier temps, une autre posture vis-à-vis de soi, une posture d’observateur. Cette posture d’observateur consiste à être attentif à la manière de nous parler et de nous traiter au quotidien. Dans cette observation de soi, il nous faut évaluer l’impact de ses pensées, c’est-à-dire évaluer l’impact de nos jugements sur notre expérience intérieure puis sonder notre capacité à alléger nos jugements envers nous-même.
C’est ici que la notion de « pensée utile » ou « pensée intermédiaire » est à privilégier. La pensée utile est une façon de corriger une pensée à propos de soi, un jugement et la remplacer par des évaluations objectives et neutres qui vont dans le sens de nos intérêts et de notre croissance, avec une tonalité plus douce envers soi.
Dans cette nouvelle attitude globale envers soi, il est important d’apprendre aussi de Partir aussi à s’encourager et s’accompagner avec honnêteté, complicité et tenir compte de notre avis en priorité. C’est aussi se soutenir dans notre cheminement et de sentir que l’on peut compter sur soi. Compter sur soi signifie qu’on ne se laissera pas tomber, qu’on ne se critiquera pas au moindre faux pas, qu’on saura, au contraire, avoir le bon ton envers soi pour nous permettre d’évoluer. C’est, aussi, apprendre à se considérer : “Je suis, tout simplement” en intégrant bien le fait que ceci ne dépend de rien : ni de capacités, ni de compétences.
Enfin, c’est assumer la responsabilité de s’aimer et décider de sortir des rôles que les autres nous imposent implicitement et qu’on adopte pour se conformer à ce que l’on attend de soi.
En route vers sa valeur personnelle
Ce travail sur soi est un travail sans relâche, tellement les croyances et les habitudes se sont solidement ancrées. Mais cette démarche en vaut la peine, elle est le tremplin vers une vie plus épanouie en apportant une stabilité et une tranquillité intérieure. Bien entendu, comme il a été dit plus haut, ce sentiment va fluctuer mais l’idée est de faire en sorte que les chutes nous amènent, de moins en moins, bas.
On est plus que l’opinion qu’on a de nous-même et ce que les autres pensent de nous par facilité, par complaisance voire parfois par médisance. Ne plus, alors, dépendre de l’avis des autres pour jauger notre valeur, les autres ne pourront jamais la déterminer. Ceci est valable aussi pour les jugements positifs qui nous viennent de l’extérieur; Il convient de les évaluer avec notre propre échelle intérieure.
Ressentir notre valeur personnelle nous amène à reprendre le pouvoir, les commandes sur notre vie. Elle permet de remettre les choses en perspective pour sentir qu’on est le héros de notre propre vie, le personnage qui conduit l’histoire. Ressentir sa valeur personnelle, c’est, aussi, assumer ce qui doit l’être pour franchir le passage à l’âge adulte et gagner en maturité, hors de toute intervention de l’égo. C’est peut-être ça la vraie force intérieure.