disorder, anxiety, burnout-4073570.jpg

L’anxiété sociale

L’anxiété sociale, recouvrant la timidité, le trac et la phobie sociale, est une anxiété relationnelle, face aux autres, avec les personnes qui nous regardent, avec lesquels on échange. Elle se caractérise par une peur de l’autre, peur de s’exposer au jugement de l’autre, peur de l’échec et de la mise en danger sociale. 

 

Dans l’espèce humaine, le regard des autres est très important car nous sommes une espèce sociale qui ne peut s’épanouir, grandir, fonctionner que dans des groupes d’êtres humains. Cet aspect est inscrit dans notre logiciel cérébral : nous avons une tendance naturelle et automatique à accorder de l’importance au fait d’être acceptés, d’être intégrés et reconnus par les autres. Il semble donc difficile d’échapper à cette tension qui va consister à rechercher la validation de ce sacro-saint regard de l’autre dont la crainte va, quelque peu, déformer notre lecture de la situation.

 

Cette peur instinctive du regard de l’autre ne va pas être sans effet sur notre psyché et dans notre corps.  Elle va générer du stress, de l’appréhension et, pour certains d’entre nous, des ruminations avant, pendant (en fond sonore), surtout après certaines activités sociales ou situations de performance (examens, oraux…).

 

Nous exprimer en public, entrer en contact avec l’autre, nous affirmer, rencontrer des personnes pour la première fois ou développer des relations plus approfondies, entreprendre des activités… Toutes ces activités constituent pour un certain nombre d’entre nous une difficulté plus ou moins grande. Il y aurait environ 5% de la population qui souffrirait d’anxiété sociale.

Un contexte favorable à l’anxiété sociale ?

C’est une forme d’anxiété qui est sensible à la manière dont fonctionne la société. Avec le contexte social, le contexte économique, international et sociétal, le monde, qu’on ne comprend plus, nous paraît plus anxiogène, plus imprévisible, plus violent. On développe – en tout cas pour certains – une forme de vulnérabilité à l’autre et aux situations sociales en général.

 

La virtualisation des rapports sociaux, la communication à distance (avec les réseaux sociaux, les sites d’e-commerce…) tout comme le contexte sanitaire de ces derniers temps n’ont pas arrangé les choses. Ces évènements ou nouvelle façon de fonctionner ont tendance à nous mettre en retrait et nous évitent bien des contacts, pourtant bienfaisants pour notre santé mentale, voire nous conduisent à envisager l’autre comme un potentiel danger.

 

A ceci s’ajoutent les standards de la société qui se sont artificialisés, autour de l’apparence, des possessions, du statut social, des signes de performance et de réussite sociale. Tous ces signes extérieurs, qui semblent faire miroiter une image parfaite (pourtant inaccessible), font peser une pression considérable sur chacun de nous. Cette pression délite les rapports entre les gens, les met en compétition, les plonge dans la défiance et dans des rapports de domination. Et le moins qu’on puisse dire est que ce contexte semble, à priori, moins favorable aux rapports humains.

Se situer dans son anxiété sociale

Cette anxiété va, d’abord, se manifester par de la timidité, du trac, de la réserve. Ces manifestations émotionnelles vont nous faire ressentir une gêne, un inconfort, voire parfois une petite boule au ventre. 

 

La timidité est un trait de caractère qui correspond “juste” à une peur de ne pas plaire, de ne pas être accepté..  Cet anticipation d’un jugement négatif sur soi-même notamment dans la première rencontre ou dans des situations inhabituelles vont nous faire ressentir un mélange de crainte et de prudence. Mais ce sentiment intérieur s’apaise peu à peu dès lors qu’on se sent en sécurité. 

 

Ressentir de la timidité est naturel, il est normal de ressentir un peu d’anxiété sociale dans certains contextes. Mais cette sorte de retrait peut prendre une dimension beaucoup plus extrême, entraînant des manifestations douloureuses, des blocages et un évitement qui a de lourdes répercussions sur sa vie. On parle alors de phobie sociale ou de trouble anxieux social, phénomène qui concernerait environ 5% de la population, soit une proportion importante.

 

Dans le cadre de la phobie, la peur d’être jugé n’est pas seulement anticipée, elle devient une angoissante terrifiante omniprésente et, surtout, paralysante. Elle va nous faire vivre un inconfort intérieur douloureux et nous empêcher d’interagir avec les autres. On projette dans la relation à l’autre, sa propre image de soi comme fragile : on a peur de ne pas être à la hauteur, on se croit défaillant.

 

Dans ces formes extrêmes, l’anxiété va devenir intense, omniprésente et obsédante avec des ruminations douloureuses en permanence. Elle peut même nous faire paniquer et nous pousser à fuir. 

 

Cette peur des autres excessive voire phobique peut toucher toutes sortes de liens relationnels et impacter de nombreux domaines de la vie : les liens d’amitiés, les projets professionnels, les rencontres amoureuses… Elle nous amène à modeler nos comportements jusqu’à même nous isoler et renoncer à certains projets de vie.

anxiety, woman, isolation-7076699.jpg

La phobie sociale, une phobie très handicapante

Le phénomène va se manifester, depuis le cerveau, par un petit signal émotionnel qui nous fait détecter les problèmes possibles liés à la situation relationnelle vécue. Ceci entraîne, dans le cadre de la phobie, une crispation mentale, émotionnelle et corporelle jusqu’à souvent nous faire paniquer et engendrer une terrible souffrance dans tout notre être : 

 

. mentalement avec un flot de pensées, d’impressions très furtives et insidieuses qui nous fait croire à notre défaillance, à la supériorité de l’autre, à son pouvoir d’anéantissement,

qui nous amène à penser que nous sommes nuls et que nous sommes en danger social, nous nous sentons pousser à fuir,

. émotionnellement avec un véritable tumulte intérieur qui va se manifester corporellement 

. corporellement avec des tremblements, des bégaiements, des rougissements…

 

Nous allons de surcroît croire que c’est un signe de faiblesse qui va susciter un autre jugement dévalorisant de la part des autres, qui va alimenter d’autant plus notre panique.

 

Cette paralysie, qui nous vient de cette peur obsédante d’être humiliés et d’être agressés par les autres, devient alors très handicapante et nous amène à renoncer parfois à certains pans de nos vies : ne plus sortir de chez soi, abandonner notre métier, rester solitaire avec toutes les implications que ces privations ont sur nous, notre mental et notre santé. La phobie sociale déclenche, d’ailleurs, souvent des épisodes de dépression, provoqués par la fatigue d’usure au quotidien, à cause de ses angoisses. 

 

Dans ces formes extrêmes, il est important de distinguer 2 autres phobies : la phobie scolaire qui peut être soit une résultante de la phobie sociale ou au contraire en être à l’origine et l’agoraphobie, qui n’est pas liée, contrairement aux idées reçues, à la phobie sociale.

 

Phobie scolaire : C’est un refus scolaire anxieux qui se caractérise par la peur d’aller à l’école, la peur des moqueries, la peur de passer au tableau, la peur d’avoir du retard par rapport aux camarades, la peur de ne pas être intégré dans le groupe de copains… 

 

Agoraphobie : L’agoraphobie est une phobie un petit peu différente. Elle va concerner des contextes et des situations qu’on évite par crainte de faire un malaise : ce peut être au sein d’une foule, dans des endroits très fréquentés à l’intérieur comme à l’extérieur où il y a un manque d’espace.

Comment s'aider ou se faire aider ?

mental, health, mental health-1831391.jpg

Il est important de comprendre que souvent les personnes qui souffrent de trouble anxieux social seraient très heureuses d’avoir des relations mais qu’elles ne le peuvent tout simplement pas car elles sont paralysées par cette interaction. Les anxieux sociaux et ceux qui souffrent de phobie sociale se renferment pour des raisons de confort, pour ne pas s’exposer au tumulte intérieur si douloureux.

 

Il est nécessaire pour ces personnes en souffrance de savoir que ce dont elles souffrent est un phénomène connu et qu’il existe des réponses pour évoluer pas à pas et se sentir mieux. 

 

En portant, tout d’abord, un autre regard sur ses difficultés, son vécu. Ce regard est un regard bienveillant sur soi qui aide à parler avec simplicité et indulgence envers soi de sa difficulté à son entourage, en ne la considérant pas comme une faiblesse mais plutôt comme une difficulté qu’on est en train de traverser. Cette manière d’appréhender les choses avec honnêteté, authenticité et indulgence est capitale car elle vous fournit un capital de confiance en vous insoupçonné.

 

Ensuite, il existe des livres comme le livre de la Nouvelle peur des autres de Christophe André et Antoine Pelissolo, tous deux psychiatres spécialisés dans ces troubles. Il existe, aussi, de nombreuses vidéos qui traitent de ce sujet.

 

Puis, il y a des thérapies adaptées pour permettre de traverser cette souffrance et la dépasser et des outils associées qui peuvent aider à déverrouiller certains fonctionnements internes. 

 

Il est conseillé, dans un premier temps, de consulter son médecin traitant ou un médecin psychiatre pour qu’il y ait un diagnostic et une première écoute qui apportera le courage de suivre une thérapie.

 

La thérapie que je propose correspond à une approche de désensibilisation progressive à la peur excessive. Cette désensibilisation va utiliser plusieurs techniques qui vont amener peu à peu à reprendre possession de son corps et des manifestations corporelles puis apprendre à percevoir les autres différemment, plus positivement. Tout ce processus permettra de rééduquer les circuits de la peur dans le cerveau, dans un climat de confiance et bienveillant.

 

Le processus peut être long mais il est possible de s’en sortir, de réapprendre à ne plus avoir peur de l’autre, à renouer ce lien de confiance en l’autre, à construire des relations constructives, saines, dépourvues de craintes et de peur excessive.

 

Enfin, à ceux qui ne sont pas concernés, on ne peut que recommander plus de bienveillance envers l’autre pour aider à renouer ce lien de confiance indispensable à notre santé mentale. Après tout, l’Humanité doit dans sa survie aux liens solidaires, au lien d’entraide et au lien de confiance. A méditer !